La psychologie de l’argent

Pour le défi de cette semaine, nous vous proposons le résumé du livre « La psychologie de l’argent, quelques leçons intemporelles sur la richesse, la cupidité et le bonheur – M. HOUSEL » : À contre-courant de la plupart des livres traitant de la gestion financière d’un point de vue purement « technique » (formules mathématiques, règles à suivre…), ce livre analyse notre rapport à l’argent. Notre attitude vis-à-vis de l’argent, elle-même liée à nos émotions et notre psychologie, est déterminante pour réussir financièrement. Au travers de 20 histoires courtes, l’auteur cherche à nous faire prendre conscience de nos biais afin que nous prenions de meilleures décisions financières.

Livre La psychologie de l'argent

Par Morgan HOUSEL, 2022, 291 pages

Titre original : The Psychology of Money

Introduction

L’auteur débute son récit par deux histoires vraies. D’un côté, Ronald James READ, un Américain peu diplômé qui a travaillé toute sa vie dans des postes aux salaires modestes (pompiste, homme de ménage). De l’autre, Richard FUSCONE, un brillant directeur financier reconnu par ses pairs, issu des meilleures écoles de business et qui a pris sa retraite à 50 ans.

L’un d’eux finit ruiné, l’autre laissa un héritage de 8 millions de dollars. A votre avis, qui s’enrichit ?

Contre toute attente, Ronald James READ a bien mieux réussi financièrement dans sa vie malgré des conditions de vie plus difficiles et aucune connaissance poussée en finances. Sa réussite tient à son attitude. Il a su économiser toute sa vie pour réinvestir dans des actions de grande qualité et attendre que les intérêts composés boostent son capital. Richard FUSCONE gagnait tellement bien sa vie qu’il mena un train de vie au-delà de ses moyens et une crise financière lui fut fatale.

Pour l’auteur, cette histoire illustre comment notre psychologie influence nos choix financiers. Il souhaite nous prouver que notre relation à l’argent compte plus que nos connaissances « techniques » financières pour prendre des décisions financières avisées.

1- Personne n’est cinglé

Nos croyances sur l’argent sont en grande partie due à notre vécu et nos expériences. Selon notre pays de naissance, l’économie dans laquelle nous vivons, notre classe sociale et d’autres facteurs, nous avons vécu des situations qui nous ont forgé des convictions sur l’argent.

Des études ont montré que nos décisions d’investissement étaient influencées par nos expériences financières personnelles au début de notre vie d’adultes.

Exemples : Un individu ayant connu la récession et ses conséquences négatives sera plus frileux pour investir. A l’inverse, un individu ayant connu les périodes fastes du marché boursier sera plus enclin à investir dans les actions.

Ainsi, il nous sera difficile de comprendre tout individu agissant à l’antipode de nos convictions alors que sa démarche sera probablement cohérente avec son histoire.

Nous prenons nos décisions financières en nous basant davantage sur nos émotions, tirées de nos expériences personnelles, que sur des calculs financiers.

2- Chance et risque

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L’auteur donne l’exemple de 3 amis qui se sont rencontrés au lycée Lakeside de Seattle : Bill GATES, Paul ALLEN et Kent EVANS. Tous 3 ont eu la « chance » de fréquenter l’un des rares lycées de l’époque possédant un ordinateur. A l’époque, 1 lycéen sur 1 million d’adolescents en âge de fréquenter un lycée dans le monde avait accès à un ordinateur. Les 3 amis ont ainsi pu développer passion et compétences en informatique ce qui déboucha quelques années plus tard sur la création de Microsoft par Bill et Paul.

Qu’est-il arrivé à Kent ? Malheureusement, il mourut dans un accident de montagne avant de finir le lycée. La probabilité de mourir ainsi était d’un cas sur un million. Il était encore plus brillant que Bill et Paul et aurait probablement contribué au succès de Microsoft sans cet accident.

Des études ont aussi montré notre réussite financière est fortement influencée par les revenus de nos parents, la qualité de l’éducation reçue et les opportunités offertes à nous.

Les aléas de notre existence sont donc régis par le risque et la chance. Il est difficile de quantifier la part de chacun dans un succès ou un échec financier.

Pensons-y avant de juger le parcours d’autrui et même notre propre parcours. Ce qu’il nous arrive ne dépend pas uniquement de nos propres efforts et de nos choix.

De même, inspirons-nous des cas généraux plutôt que des cas particuliers. Dans les grandes réussites ou les grands échecs, la chance et le risque ont eu des rôles disproportionnés ce qui fausse notre vision. Combien de Ken EVANS pour combien de Bill GATES ?

Ayons conscience que le risque existe et prenons-le en compte en investissant dans des placements qui ne nous ruinent pas en cas d’échec.

3- Jamais assez

Cupidité et prison

L’auteur raconte les histoires de Rajat GUPTA et de Bernie MADOFF. Bien que tous deux multimillionnaires et hommes d’affaires à succès reconnus par leurs pairs, leur appât du gain les a conduits à enfreindre la loi pour gagner toujours plus d’argent. Au final, leurs stratagèmes frauduleux ont été découverts, ils ont dû faire face à la justice et leur réputation a été détruite…

On peut donc être déjà riches et n’en avoir jamais assez !

Apprenons à nous satisfaire de ce que l’on a sans céder à toute opportunité de gain potentiel, ne nous comparons pas aux autres car il y aura toujours plus riche que nous, ne risquons pas de tout perdre pour quelque chose dont on n’a pas besoin.

4- L’affolant effet démultiplicateur

Temps et argent

Il est ici question de la « puissance » des intérêts composés. Warren BUFFET illustre à merveille ce concept. Sa fortune s’élevait à 84,5 milliards de dollars en 2020 (à ses 90 ans) dont 81,5 milliards acquis après ses 65 ans. Ceci est dû aux intérêts composés qui fonctionnent de manière exponentielle sur la durée et non linéaire. Warren BUFFET n’est pas seulement un investisseur performant (22% de rentabilité annuelle moyenne), il a commencé à investir très jeune (dès 10 ans) d’où sa réussite. En comparaison, Jim SIMONS qui dirige le fonds spéculatif Renaissance Technologies parvient à avoir une rentabilité annuelle moyenne de 66% depuis 1988. Sa fortune est pourtant « seulement » de 21 milliards de dollars car il a investi dès 50 ans.

Ainsi, la clé pour bien investir consiste à obtenir de bonnes rentabilités sur les durées d’investissement les plus longues possibles. Ce sera plus rentable que d’excellentes rentabilités sur de plus courtes durées.

5- S’enrichir ou rester riche

En plein krach boursier de 1929, un investissement judicieux rendit richissime le trader Jesse LIVERMORE. Il se mit alors à prendre de plus en plus de risques jusqu’au jour où, ruiné, il se suicida quelques années plus tard.

Gagner de l’argent et conserver cet argent font appel à des compétences opposées.
S’enrichir demande de prendre des risques et d’être optimiste.
Conserver son argent demande de la sobriété voire de la paranoïa pour « survivre » aux aléas de la vie et ainsi faire fructifier durablement son argent. Il faut avoir conscience que la chance a joué un rôle dans notre enrichissement (cf chapitre 2) donc qu’il est possible de tout perdre.

Il faut éviter la ruine à tout prix donc ne pas tout miser sur des actions par exemple au risque de devoir tout revendre à perte en cas de chute du marché boursier. Conserver des liquidités (le fameux « matelas de sécurité ») est primordial. De même, planifier ne doit pas nous exempter de prévoir des marges de sécurité au cas où nos plans diffèrent de la réalité.

6- De l’importance de la longue traîne

La longue traine est l’extrémité d’une courbe de répartition des résultats. Cela signifie que la majorité des résultats sont apportés par de rares éléments. Pourtant, nous tendons à ne voir que les succès de certaines personnes ou entreprises en omettant les échecs essuyés pour y parvenir.

Exemples :

  • Un éminent marchand d’art peut avoir fait fortune en achetant beaucoup d’œuvres d’art dont seulement 1% de sa collection a pris une grande valeur.
  • Walt Disney a produit des centaines de films d’animation au succès mitigé avant de percer avec Blanche-Neige et les sept nains.
  • Que ce soit en investissant dans du capital-risque ou des entreprises cotées a priori plus solides, l’essentiel de la performance proviendra d’une minorité d’entreprises ultra-performantes. Ces mêmes entreprises auront également en interne leurs propres événements de traîne (quelques produits ou services phares, quelques génies dans leurs employés).

Dans notre portefeuille boursier, notre rentabilité sera boostée par une poignée d’entreprises. De même, notre rentabilité dépendra de nos comportements d’investisseurs en périodes de crises. Prendre les bonnes décisions lors de ces rares moments (garder notre sang-froid) influera sensiblement sur notre réussite financière. L’important n’est pas d’avoir tout le temps raison mais il faut savoir combien nous gagnons ou perdons selon si vous avons raison ou tort.

7- Liberté

Temps et bonheur

Il est coutume de penser que notre bonheur s’accroit à mesure que nous nous enrichissons.

Diverses études psychologiques ont pourtant démontré que la maitrise de notre temps était l’élément déterminant à notre bonheur. Pourvoir faire ce que l’on veut, quand on veut, avec qui on veut nous rend véritablement heureux !

En effet, s’il suffisait d’être plus aisé, les gens d’aujourd’hui devraient alors être plus heureux que leurs aïeux des années 50 qui gagnaient moins bien leur vie et se privaient davantage. Pourtant, ce n’est pas le cas. Certes, les gens d’aujourd’hui consomment bien plus qu’à l’époque grâce à de meilleurs revenus et à la mondialisation. Cependant, ils ont dans le même temps perdu en termes de maitrise de leur temps. Ceci s’explique par l’évolution de nos emplois. Dans les années 50, les emplois manuels représentaient la majorité des emplois disponibles. En rentrant à la maison, sans outil de travail, les salariés de l’époque disposaient alors pleinement de leur temps. Aujourd’hui, l’avènement des emplois de cadres/administratifs, font que les fins de journées ne sont plus synonymes de « fin de travail ». Nous passons moins d’heure sur notre lieu de travail mais ce dernier empiète davantage sur notre vie personnelle. Notre outil de travail étant notre cerveau, difficile de nous déconnecter du travail, les questions professionnelles ayant vite fait de venir hanter notre esprit à n’importe quel moment. Cette perte d’emprise sur notre temps nous donne un sentiment de perte de contrôle sur notre vie.

Au final, l’argent n’est donc pas le résultat mais un moyen de s’offrir du temps, lequel contribue à notre bonheur. Utilisons-le davantage pour nous dégager du temps plutôt que pour accumuler des biens matériels. L’argent nous donne aussi plus d’options (choisir un job avec des horaires flexibles, partir à la retraite au moment voulu, pouvoir subsister en période de chômage ou de maladie etc.) donc plus d’autonomie et in fine une meilleure qualité de vie.

8- Le type au volant de la belle bagnole

Voiture de luxe

L’auteur nous fait part de son expérience de voiturier. Ils voyaient toute la journée de très belles voitures de luxe (Ferrari, Lamborghini etc.) et leur prêtait plus d’attention qu’à leurs propriétaires. Pourquoi ?

Le paradoxe est que ces propriétaires de bien de luxe (valable aussi pour des vêtements, des biens immobiliers etc.) cherchent à envoyer un signal de richesse dans le but de se faire apprécier et d’être admirés, enviés mais finalement leur bien intéresse davantage autrui que leur propre personne. En réalité, en les voyant, les gens s’imaginent posséder le bien à leur place et se persuadent aussi à tort qu’en le possédant, les passants les trouveraient cools.

Pour être respecté et admiré d’autrui, l’auteur nous conseille de privilégier l’humilité, l’empathie et la gentillesse.

9- La fortune, c’est ce qui ne se voit pas

Certaines personnes nous paraissent riches alors qu’en fait elles ont simplement décidé de consacrer une grosse part de leurs revenus à donner le change. Les apparences (partie visible) nous trompent et nous mènent à porter un jugement hâtif.

Afin d’éviter des déboires financiers, il est capital de distinguer :

– la richesse : c’est la partie visible, c’est le revenu présent d’une personne. Si elle possède une villa de luxe, il ne fait nul doute que sa richesse est suffisamment importante pour avoir pu se la payer comptant ou à crédit (donc qu’elle a les capacités de payer de fortes échéances mensuelles) ;
– la fortune : c’est la partie invisible, ce sont les revenus non dépensés d’une personne qui lui serviront plus tard pour saisir des opportunités par exemple.
Ainsi, se sentir riche, c’est dépenser à tout va avec le risque de finir ruiné.
Être fortuné, c’est ne même pas dépenser l’argent que l’on a.

Vu que seule la richesse s’étale, nous avons du mal à concevoir comment devenir fortuné. Des individus nous paraissent riches alors qu’ils vivent à découvert, d’autres individus passent inaperçus alors qu’ils sont fortunés.

10- Économiser

Épargne et liberté

L’auteur fait un parallèle entre les économies d’énergie et l’efficience énergétique qui ont notamment permis de consommer moins de pétrole au fil du temps et l’épargne. Notre capacité d’épargne est bien plus déterminante pour notre future fortune que notre niveau de revenus et le rendement de nos investissements. De plus, il est plus « simple » d’épargner davantage en tentant de réduire nos charges fixes (exemple : se déplacer en vélo ou acheter un véhicule moins énergivore, négocier ses abonnements) car cela dépend uniquement de nous plutôt que de gagner un meilleur salaire ou faire des investissements ayant toujours un super taux de rendement. Ce sentiment de contrôle est aussi bénéfique pour le moral !

Une fois nos besoins vitaux et essentiels couverts et un certain niveau de vie atteint, nos dépenses visent juste à montrer aux autres notre argent. Méfions-nous de notre égo, les gens réellement fortunés font fi de ce que les autres pensent d’eux.

En réalité, l’argent est plus lié à l’a psychologie qu’à la finance. Épargner, c’est dépenser moins donc désirer moins car on ne s’inquiète plus du regard des autres.

Épargner doit devenir une habitude. Au-delà de permettre un achat spécifique, épargner protège des aléas de la vie et permet de s’offrir des options et de la flexibilité comme déjà évoqué. Nous nous assurons ainsi de pouvoir saisir de meilleurs opportunités (investissements, carrière professionnelle) si l’argent et le temps ne rentrent plus dans l’équation ! Cette sérénité induite n’a pas de prix !

11- Raisonnable plutôt que rationnel

L’auteur différencie ici 2 attitudes face à la prise de décisions financières :
– être rationnel : prendre des décisions basées sur des données chiffrées donc suivre des stratégies « mathématiquement optimales » ;
– être raisonnable : prendre des décisions en adéquation avec son mode de vie (envie d’être serein en acceptant un niveau de risques conforme à sa psychologie, de suivre ses intuitions, de ne pas décevoir son entourage…).
Il est donc préférable d’être raisonnable et réaliste en finance afin de tenir sur le long terme, le temps étant notre principal allié en matière d’investissement. Être rationnel à 100%, c’est risqué de s’épuiser dans la réflexion et au final de ne pas être en mesure de se tenir à son plan financier.

Parfois, une décision rationnelle sur le papier peut s’avérer déraisonnable dans la vie réelle.
Des chercheurs de Yale ont ainsi démontré qu’un jeune investisseur pouvait grandement optimiser ses gains sur la durée s’il investissait avec un levier de 2. C’est séduisant sur le papier sauf que c’est risqué. Cette étude mise sur le fait de se tenir à cette stratégie même en cas de perte totale de ses investissements et de recommencer. Dans la vraie vie, quel pourcentage d’investisseurs seraient prêts à réitérer une stratégie qui leur a fait perdre tout leur argent ? Sûrement peu de gens…

De même, une décision irrationnelle peut s’avérer raisonnable. L’auteur donne comme exemple l’attachement sentimental qui peut nous pousser à conserver des actions en baisse d’une entreprise qu’on apprécie (lesquelles finiront sûrement par remonter sur la durée d’où l’intérêt d’être patient) ou le fait d’investir dans le fonds actif de son fils alors qu’on a toujours prôné l’investissement passif pour une meilleure performance à moindres frais.

12- Surprise

Prédire l'avenir

Beaucoup d’investisseurs font l’erreur de se fier aux données historiques pour prédire les intérêts financiers futurs. Le problème est que le monde est en perpétuelle mutation. Des événements imprévisibles, positifs (inventions…) ou négatifs (récession, guerre…), peuvent véritablement changer la face du monde.

Difficile de les anticiper sans compter que des événements similaires se produisant à des années d’écart ne mènent pas à des conséquences similaires.

Les vérités d’hier ne sont donc pas forcément les vérités d’aujourd’hui. La finance n’est pas une science exacte comme la médecine par exemple donc impossible de se baser sur l’histoire pour en tirer des conclusions sur notre situation économique actuelle.

En revanche, le comportement des êtres humains face à l’argent est stable dans le temps. L’histoire peut donc nous en apprendre plus sur ce sujet.

13- La marge d’erreur

Sécurité financière

Nous avons beau faire des plans sur la comète, un plan ne se passe jamais comme prévu. Nous anticipons des événements probables mais bien souvent ce sont des événements improbables qui se produisent et ce sont souvent les plus dommageables. Il nous est impossible de nous préparer à ces risques inconnus vu qu’on ne pensera pas à les envisager. L’auteur donne l’exemple de mulots qui, en grignotant les isolants des systèmes électriques de chars allemands durant la 2nde guerre mondiale, ont immobilisé 80% des chars. Qui aurait pu le prévoir ?

La solution ? Nous devons nous concentrer sur les points uniques de défaillance dont la règle est que tout ce qui peut se casser ou tomber en panne finira par le faire. Ainsi, si plusieurs éléments dépendent d’un même point unique de défaillance, sa défaillance a de grandes chances de vous mener droit à la catastrophe ! En matière financière, le danger est de dépendre uniquement de notre salaire pour payer nos dépenses à court terme. Il faut que nous ayons des économies pour parer à un surplus de dépenses à venir.

Il est aussi essentiel de toujours se laisser une marge d’erreur (aussi appelée « marge de sécurité », « marge de secours ») lorsqu’on estime ses rendements futurs. La stratégie d’investissement de Morgan HOUSEL est de prévoir que ses rendements seront 1/3 inférieur à la moyenne des rendements historiques. Cela l’oblige à épargner plus ce qui est sa marge de sécurité.

La marge de sécurité, c’est aussi prévoir plus de budget que celui initialement estimé dans nos projets (exemple : faire des travaux de rénovation) car il y a souvent des imprévus sources de surplus de dépenses.

L’objectif est toujours le même, avoir un matelas de sécurité suffisant pour affronter une situation sans être ruiné. Il faut certes prendre des risques pour réussir mais si ce risque implique la possibilité que vous soyez ruiné, ne le prenez pas ! Soyons vigilant face au « biais d’optimisme dans la prise de risques ».

De plus, la marge de sécurité s’applique aussi au niveau émotionnel. Comme l’a écrit Nassim Taleb : « Vous pouvez adorer prendre des risques et en même temps détester l’idée de tout perdre ». Nous devons donc nous questionner sur notre capacité à supporter mentalement une baisse de 30% de nos actifs ? Même si cette baisse n’influe pas sur nos finances actuelles, elle peut nous empêcher de dormir et/ou nous pousser à vendre à perte ces actifs alors que les opportunités se passent souvent dans ces périodes de chute du marché. Il est donc primordial de définir notre propre tolérance aux risques d’un point de vue tant financier qu’émotionnel.

14- Vous ne serez pas toujours le même

Nous devons accepter l’idée que nos objectifs et aspirations évoluent dans le temps. Les contraintes actuelles supportées aujourd’hui (accepter un faible salaire pour plus de temps, travailler 80h/semaine pour un gros salaire etc.) ne le seront peut-être pas dans le futur. De même, plus jeune, nous n’imaginions pas forcément avoir notre vie actuelle.

Cette incapacité à prévoir notre avenir et à sous-estimer à quel point nous changerons se nomme « l’illusion de la fin de l’histoire ».

Partant de ce constat, notre planification financière à long terme peut donc s’avérer difficile. Afin de limiter d’éventuels regrets, l’auteur nous conseille d’éviter les choix extrêmes dans nos décisions financières. Par exemple, nous pouvons adorer travailler énormément en échange d’un énorme salaire quand on est célibataire ce qui ne sera peut-être plus du tout le cas une fois devenu parent.

15- Rien n’est gratuit

Dans la vie, tout a un prix même si certains prix sont invisibles.

Un PDG d’entreprise a de grandes responsabilités. De mauvaises décisions peuvent mener l’entreprise à de grosses pertes financières voire à une faillite. Ceci a un « coût moral ».

Les bonnes décisions financières paraissent toujours évidentes quand on ne les prend pas nous-mêmes. Pourtant, elles impliquent souvent de résister à la volatilité, nos peurs, doutes, incertitudes… ce qui n’est pas si simple.

Obtenir un rendement annuel moyen intéressant sur de longues années revient souvent à acheter des actions que l’on conserve sur la durée, y compris en période baissière. Vouloir « timer » le marché donc chercher à acheter et vendre aux meilleurs moments pour viser plus de profits est souvent contre-productif. Cette sous-performance constitue en soi un prix invisible.

16- Vous et moi

Chaque individu a des objectifs et horizons temporels différents en termes d’investissements.

Un trader de court terme pourra acheter une action très surévaluée en espérant la revendre rapidement à un prix supérieur lors d’un cycle haussier. Acheter cette même action si on est un investisseur long terme peut en revanche être une mauvaise idée si son cours s’effondre et qu’il faut des années voire jamais pour que son cours revienne à notre prix d’achat.

Ainsi, nous devrions éviter de prendre conseil auprès de gens ayant des objectifs et moyens financiers différents des nôtres.

17- L’attraction du pessimisme

Les médias font la part belle aux actualités pessimistes au détriment de celles optimistes. La peur est en effet une émotion qui fait davantage vendre !

Pourquoi adhérons-nous plus facilement aux discours pessimistes y compris dans le domaine financier ?

Plusieurs raisons l’expliquent :
* Un discours pessimiste parait plus plausible qu’un discours optimiste. Par exemple, nous écouterons davantage quelqu’un qui nous conseille de vendre tel titre qui menace de s’effondrer que quelqu’un qui nous suggère d’investir dedans massivement car il devrait augmenter. Dans le 1er cas, la personne nous ayant mis en garde semblera être un ami qui nous veut du bien, dans le 2nd cas elle ressemblera à un vendeur ou quelqu’un de naïf faisant fi des risques.
* En tant qu’êtres humains, nous avons une aversion asymétrique à la perte. Nous prêtons donc davantage une oreille à toute menace potentielle plutôt qu’à toute opportunité.
* L’argent est omniprésent donc tout événement financier négatif nous intéresse particulièrement car cela nous affectera d’une manière ou d’une autre.
* Les événements aux conséquences négatives immédiates arrivent souvent brutalement donc sont difficiles à ignorer (exemple : catastrophes naturelles, chute de 40% du marché boursier en quelques jours). A l’inverse, les événements aux conséquences positives tels les progrès médicaux, les inventions révolutionnaires, une hausse du marché boursier de 150% etc. se déroulent sur de longues périodes ce qui captent moins notre attention.

En réalité, dans leurs prévisions, les pessimistes ont la fâcheuse tendance à extrapoler des tendances actuelles inquiétantes alors que les marchés s’adaptent finalement aux contraintes donc les situations inconfortables ne durent pas trop longtemps.

Comment gérer nos finances malgré ce pessimisme ambiant ? L’auteur nous suggère de faire preuve d’« optimisme financier ». Attendons-nous à ce que les choses soient mauvaises afin d’être agréablement surpris quand elles ne le seront pas ou moins que prévues.

18- Quand vous êtes prêt à croire n’importe quoi

Le monde est complexe et nous disposons d’une infime partie des informations disponibles. Nous les lions entre elles pour interpréter notre environnement et nous donner une illusion de contrôle.

Nous croyons volontiers une histoire qui va dans le sens de nos hypothèses initiales. Ainsi, beaucoup de personnes pensaient qu’il n’y aurait plus jamais d’autre guerre mondiale après la 1ère ce qui ne fut pas le cas… L’auteur appelle cela des « fictions attrayantes ».

Les salariés de startup s’imaginent que plus de 80% du succès de l’entreprise est tributaire de leur travail or en réalité d’autres paramètres influent davantage tels que l’environnement économique/concurrentiel, leurs capitaux etc.

La sphère financière n’est pas épargnée par ce phénomène. La finance est dominée par les comportements et émotions des investisseurs ce qui créait de l’incertitude. L’enjeu de s’enrichir rapidement nous pousse à croire n’importe quel pseudo expert financier validant nos hypothèses or cela est souvent dangereux.

19- Un petit résumé de la psychologie de votre argent

Les principales règles à retenir pour de meilleures décisions financières sont :

Épargner aujourd’hui pour avoir plus d’opportunités demain, la richesse se crée ainsi.
– Acheter du temps futur avec notre argent présent pour être plus heureux.
– Définir notre « jeu » financier et ne pas suivre aveuglément ceux qui ont un jeu différent du nôtre.
– Choisir des investissements qui ne nous empêchent pas de dormir.
– Penser à se laisser une marge d’erreur dans chaque investissement. Sans cela, un mauvais choix financier pourrait nous ruiner et nous empêcher durablement de réinvestir.
– Relativiser nos échecs tant qu’ils ne nous mènent pas à la ruine. Il suffit de quelques choix judicieux pour parvenir à nous enrichir.
Investir a toujours un prix (financier et moral). Considérer nos incertitudes, doutes et regrets comme un prix d’entrée plutôt qu’une sanction afin de tenir nos investissements sur la durée et ainsi profiter des intérêts composés.
– Pour de meilleures performances financières, investir sur le long terme.
– Éviter des choix extrêmes dans le domaine financier car nos objectifs et aspirations évoluent au cours de notre vie.
– Être humble quand la situation nous est favorable car la chance et le risque ont été de notre côté ce qui ne sera pas toujours le cas.
– Le respect et l’admiration d’autrui s’obtient plus facilement en étant gentil et humble plutôt qu’en exhibant nos biens luxueux.

20- Confessions

L’auteur rappelle l’importance de trouver un système financier qui nous convient. Les décisions financières importantes sont plus dictées par nos émotions que par des calculs mathématiques.

Pour lui et sa famille, la priorité est l’indépendance financière. Sa femme et lui ont continué d’épargner toujours plus au fil de leurs revenus d’activité croissants. Ils savent se contenter d’activités plaisantes peu coûteuses donc sont hermétiques à toute forme de pression sociale menant au consumérisme. Ils font parfois des choix irrationnels financièrement parlant (acheter sans crédit leur maison en période de taux d’intérêt bas, conserver beaucoup de liquidités) mais qui leur conviennent. Ils investissent chaque mois en Bourse et épargnent aussi pour leur retraite et les études de leurs enfants. Leur stratégie ne consiste donc pas à anticiper l’avenir économique. Leur stratégie d’investissement repose sur l’épargne, la patience et la confiance que les Etats vont continuer de créer de la valeur ce qui se traduira par un marché boursier en hausse sur le long terme.

Points forts du livre :
– Le style d’écriture est agréable à lire, les parties sont bien structurées et se suivent logiquement.
– Un livre pragmatique et de nombreux exemples concrets et intemporels qui illustrent les concepts.
– Une façon originale d’aborder comment prendre de meilleures décisions financières

Points faibles du livre :
– Aucun à notre avis.

Morgan HOUSEL :

Morgan HOUSEL a écrit pour The Wall Street Journal et The Mothley Fool et a déjà remporté des prix prestigieux pour ces activités journalistiques. Il est aussi un des associés du fonds d’investissement The Collaborative Fund. Ainsi auteur, conférencier international et investisseur, il publie des livres sur les finances personnelles dont son best-seller « La psychologie de l’argent ».

– Blog https://blog.mes-investissements.net

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